Timbre replaqué, réparé, regommé : les identifier?

Publié par Carole MAS le

Voici un sujet vaste qui n'a d'égal que l'imagination des truqueurs! Je vais essayer de vous livrer quelques astuces simples pour reconnaître les principales arnaques que l'on rencontre ....

 

J'ai choisi le mot "arnaque" bien qu'il soit un peu fort car des pièces très rares peuvent être restaurées et cependant avoir une grande valeur philatélique du fait de leur histoire ou rareté. Disons que nous allons essayer de déjouer les défauts cachés intentionnellement ou non. Si le vendeur décrit le défaut, alors il vous appartient d'acheter ou non selon le prix. Je donnerais quelques avis sur les prix selon les défauts plus bas dans ce guide.

Replaquage: l'acte consiste à plaquer un support papier, généralement d'époque, pour masquer un aminci ou un défaut sur le timbre. Quasiment indétectable sans le timbre dans les mains. Une astuce simple consiste à mettre le timbre dans le creux de votre main, s'il gondole significativement, retournez-le, s'il gondole dans l'autre sens, alors il est certainement replaqué. La chaleur de votre main va faire réagir différemment les deux supports papiers et provoquer cette déformation. Sinon vous pouvez utiliser un produit genre Benzine mais attention son utilisation est dangereuse car ce produit est extrêmement volatil, on pourra même y mettre des timbres neuf luxe **, par contre, on n'y trempera jamais les classiques de couleur rouge (80c bordeaux, rouge, ....) au risque de voir leur couleur disparaître.

Sans le timbre en visuel:

    • On se méfiera des timbres non signés ou du vendeur qui ne veut pas reprendre un timbre. Généralement les timbres replaqués sont de grosses pièces, des N°18 par exemple.
    • Les dos trop propres et uniformes.
    • Toute variation de couleur sur le timbre et notamment autour des filets d'encadrement.
    • Toute variation de couleur par rapport au timbre d'origine, en effet souvent ils sont lavés et perdent ainsi de leur éclat naturel.

Réparation : l'acte de réparation consiste à intervenir sur un timbre pour en masquer un défaut. On trouve du rebouchage d'aminci jusqu'à l'ajout d'un bout d'un autre timbre. Normalement une bonne loupe*10 vous permettra de voir la réparation bien que certaines soient vraiment invisibles. L'utilisation de benzine là encore, vous montrera instantanément la supercherie. Regardez aussi le timbre sous une lumière forte des deux côtés vous aidera. D'autres critères :

    • Variation de couleur sur le timbre.
    • Variation de ton sur les filets d'encadrement.
    • Aspect de coupure.
    • Irrégularité du papier.
    • Ajout d'une grosse charnière au dos du timbre.

 

Regommage : je pense que c'est la pire des tricheries car souvent exécutées pour tromper le collectionneur. C'est aussi une des plus dures à détecter. Les timbres regommés sont souvent dans la période avant guerre. Un moyen simple de détecter un timbre regommé provient de la façon dont les timbres étaient imprimés : en taille douce. Retournez votre timbre et inclinez-le, vous devez voir en relief la valeur faciale du timbre. Si le dos est lisse sans le relief du cadre ou de la valeur faciale alors méfiance.

Ça ne fonctionne pas sur tous les timbres de la période (l'infirmière a bien une gomme blanche et lisse) mais sur une bonne partie.

 

D'autres critères :

    • Gomme trop blanche, trop lisse.
    • Une loupe*10 sur les bords du timbre vous montrera une double épaisseur du timbre.
    • Un aspect délavé des couleurs.
    • Les allemands restent les grands spécialistes du regommage !!! Je n'ai rien contre eux mais les collections en provenance de ce pays doivent être regarder avec précision.
    • Les bords du timbres sont coupants et font un bruit de scie quand on passe les doigts dessus. Ce qui n'est pas possible avec un timbre gomme d'origine car la gomme est mise avant les perforations, lorsque l'on détache le timbre, les dents perdent la gomme et elles deviennent douces au toucher.

Repiquage: consiste à refaire la dentelure d'un timbre. Se pratique sur les timbres classiques le plus souvent. Parfois, difficile à détecter, j'utilise l'astuce suivante : avec une règle parter d'un creux d'une dent et descendez verticalement jusqu'à l'autre côté du timbre : vous devez rencontrer un creux sinon il y a eu manipulation. Faites celà à plusieurs endroits, le résultat doit être toujours un creux pour un creux, le haut d'une dent pour le haut d'une dent. De même, avec la règle passer par la diagonale : les 2 parties doivent être symétriques. Vous pouvez aussi utiliser un dentomètre pour vérifier le piquage et mesurer le timbre.

La surcharge fausse : beaucoup de bons timbres de France sont surchargés (Le Havre, PA1 & 2, ...) mais existent aussi non surchargés et côtent beaucoup moins. Donc certains n'hésitent pas à ajouter cette surcharge !! Voici quelques indications pour déjouer les faux :

    • Surcharge pas de la bonne couleur. Beaucoup de faux sont faits à la va vite et l'on va rencontrer des surcharges noires alors que l'originale est bleue (cas du 257A, expo le Havre)
    • Sur les timbres oblitérés, la surcharge est au-dessus de l'oblitération. Malheureusement pour les timbres avec oblitération et surcharges noires, il est impossible de façon simple de détecter si la surcharge est sur ou sous le timbre et ceci même avec un vrai timbre. Notre œil ne peut pas faire la différence.
    • Faites expertiser ce genre de timbre. Si l'annonce précise "non expertisé", ou "je ne suis pas sûr" alors attendez-vous à acquérir un faux. Car les timbres surchargés sont des pièces recherchées et trouvent toujours preneur à bon prix quand elles sont authentiques.
    • Les timbres sans certificat + signature N°3 et 4 de la poste aérienne sont toujours des faux mais tellement rares même en faux qu'ils s'achètent et se vendent facilement (jusqu'à 50 euros pièce) !!
    • Il y a énormément de fausses surcharges dans tous les timbres de la libération.

Les réimpressions: certains timbres sont tellement rares qu'ils ont laissé place à des réimpressions, ce fut notamment le cas en 1862 avec la réimpression des N°1 à 7, 15 et 18. Ces timbres sont cotés dans le catalogue et s'achètent à un prix représentatif d'un pourcentage de cette cote. On les reconnaît à leurs couleurs qui sont généralement plus claires. En ce qui concerne les réimpressions "à la photocopieuse", là on est dans le domaine de la tromperie (sauf si précisé) et on ne mettra pas plus de 10€ dans un 1F empire neuf (généralement, ces timbres sont sans gomme ).

Dans tous les cas, pensez à faire expertiser vos grosses pièces. C'est gratuit si le timbre est faux, truqué ou regommé sinon selon la qualité, il vous en coutera de 2% à 5% de la cote mais vous ne serez pas déçu le jour où vous aurez besoin de céder vos timbres. Les experts les plus connus sont CALVES, ROUMET, BRUN.

Achetez en connaissance de cause, il n'y a aucun problème à acheter une pièce avec un défaut du moment que vous le savez et que le prix en tient compte. Choisissez de préférence un vendeur qui vous propose une garantie "satisfait ou remboursé" car généralement si l'expertise lui donne tort et qu'il est de bonne foi, il vous remboursera. Personnellement, voici les prix auxquels je suis acheteur parfois de timbres avec défauts. Mon critère d'achat étant la rareté et l'apect du timbre qui doit rester très beau ou présenter une oblitération ou variété rare :

    • Réparé, repiqué : 8% à 15% de la cote.
    • Replaqué : 6% à 12% de la cote.
    • Aminci : 10% à 15%
    • Filets courts : 10% à 15%.
    • Fausse surcharge : pas acheteur.
    • Regommer : pas acheteur.
    • Faux : certains très chers sinon un faux 1F vermillon pour boucher la case : 10 euros.

Carole

Bonne collection sur www.auphildutimbre.fr


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